Multi-victimes

Multi-victimes:

Dans la situation d’un accident impliquant plusieurs victimes, le choix de la stratégie à adopter va dépendre du nombre de sauveteurs présents à la surface.
Suis-je seul à la surface, ou sommes-nous plusieurs à pouvoir participer au sauvetage ?
Si je suis seul, je vais devoir adopter un concept de triage des victimes, tenant compte de 4 critères, soit de :

La nature du terrain que la victime a traversé dans son trajet d’avalanché va directement influencer ses chances de survie. En effet, si l’avalanche a sauté une barre de rocher, traversé un pierrier ou une forêt, la probabilité que la victime ait eu à subir des blessures graves à mortelles est plus grande que pour celle qui aura « simplement » glissé sur une surface lisse et qui verra ses chances de survivre augmentées.

Le type de neige va influencer le temps de dégagement.
En cas de neige poudreuse et légère, l’effort à fournir sera moindre. Si par contre elle est mouillée et tassée, le temps de dégagement peut facilement être multiplié par 3 !

Directement dépendant de la qualité de la neige intervient le critère le plus déterminant, à savoir la profondeur à laquelle je détecte les victimes.
Pour dégager 50cm, je vais avoir besoin de 5’,
Pour 1m entre 8’ et 25’,
Pour 2m entre 15’ et 45’,
Pour 3m entre 20’ et 1h !

Le quatrième critère est celui de la distance séparant les victimes.
Liées à la distance entre les victimes, la déclivité et la difficulté du terrain vont aussi influencer mes choix !
Si les ensevelis sont proches les uns des autres, je peux voir plusieurs victimes sur l’écran de mon DVA, et/ou j’entends plusieurs bips analogiques distincts. Cela signifie que les victimes sont dans un rayon proche de moi. Je vais donc passer rapidement au-dessus de chacune d’elles pour en déterminer la profondeur (énorme gain de temps avec un DVA 3 antennes !), en résolvant éventuellement le problème de la superposition des signaux !

Triage : Choisir, c’est renoncer à…

Je suis seul: Laquelle des victimes dois-je dégager en premier ?
Lorsque j’aurai « survolé » la zone et localisé toutes les victimes proches les unes des autres, en tenant compte des 4 critères ci-dessus (nature du terrain traversé, type de neige, profondeur et distance entre les victimes), je vais pouvoir prendre les décisions qui amènent à un triage des victimes en fonction de leurs chances de survie objectives.

Dans la plupart des cas, il faut impérativement commencer par l’enseveli le plus proche de la surface, ses chances de survie étant supérieures à celles d’une victime profondément enfouie (arrivée probable d’oxygène depuis la surface, pression moindre sur le thorax, temps de dégagement réduit etc.).

Si par contre, je ne détecte qu’une seule victime près de moi et qu’elle est ensevelie à une profondeur n’excédant pas 1m en neige tassée et 1,50m en neige meuble, je vais commencer par la dégager, le temps qu’il me serait nécessaire pour localiser les suivantes étant trop aléatoire à cause de la distance inconnue qu’il me faudra parcourir pour arriver jusqu’à elles. Il est évident que je vais aller à la recherche des victimes suivantes dès que j’aurai dégagé la première.

Dans le cas où je devrais renoncer à dégager la première victime que j’ai localisée parce que sa profondeur est telle que le temps que je vais lui consacrer (neige lourde, grande profondeur supérieure à 2m) va notablement prétériter les victimes suivantes, je dois impérativement baliser l’endroit exact p.ex. avec un bâton profondément planté rondelle vers le haut, afin de pouvoir y revenir rapidement lorsque j’aurai dégagé les autres, en espérant qu’elles seront moins profondément enfouies que la première victime… Choix certes difficile à faire, mais indispensable en regard des chances de survie restreintes liées au temps qui s’écoule inexorablement !

Signes vitaux
Certains DVA Mammut Barryvox proposent une information supplémentaire conçue pour aider le sauveteur solitaire à effectuer un triage de la victime à dégager en premier.

Cette fonction « signes vitaux » est active et compatible sur et entre les appareils suivants grâce à leur fréquence W-Link: PULSE, Barryvox S1 et Barryvox 1 (qui ne fait que transmettre aux autres DVA ses informations, mais ne peut pas lire celles des autres). Elle est également présente sur les nouveaux Barryvox S2 & Barryvox 2, à la nuance près qu’ils ne communiquent qu’entre eux par Bluetooth et ne sont pas compatibles W-Link.

Lorsqu’il repère un micromouvement, le DVA de l’enseveli transmet l’information au DVA recherchant à la surface (information lisible sur le PULSE seulement en profil d’utilisateur « avancé », sur le S1& le S2 en profil d’utilisateur « Pro »), qui affiche alors un symbole sur l’écran, informant le sauveteur que la victime présente des signes vitaux reconnus.

Cela peut devenir un critère déterminant en cas de profondeur égale entre deux victimes, dont l’une présente des signes vitaux et l’autre pas. Mais dans tous les cas, la profondeur reste le critère prépondérant. En effet, comment choisir entre 2 ensevelis présentant tous deux des signes vitaux ? Et lorsque le symbole n’apparaît pas, cela signifie alors que la victime est dans un état inconnu, mais jamais qu’il est mort ! La profondeur sera encore une fois le critère déterminant !
La prise en compte des signes vitaux reconnus est une aide au sauveteur solitaire dans sa prise de décision, et ne peut pas être interprétée ni comme un ordre au sauveteur ni comme une volonté de nuire sciemment à l’une ou l’autre victime. Le but pour tous les sauveteurs restera toujours de sortir le plus de victimes possible vivantes !  Un accident d’avalanche restera toujours un accident, avec tout ce que cela comporte d’urgence et de danger de mort…

En cas de recherche à plusieurs sauveteurs juste après l’avalanche, le critère des signes vitaux reconnus devient relatif, puisque toutes les victimes sont en principe recherchées et dégagées en même temps.

Par contre, il redevient important après un certain laps de temps, lorsque les victimes auront dépassé la demi-heure d’ensevelissement, et que le risque d’hypothermie augmente. En effet, la victime qui aura pu « respirer » au moins 30 minutes, et donc aura présenté des micromouvements reconnus par l’appareil, conservera la transmission de ses informations vitales vers l’extérieur, même si le détecteur de mouvements ne détecte plus rien après ces 30′. Par rapport à une autre victime qui n’aurait plus rien transmis depuis un laps de temps plus court, la première aura plus de chances d’être récupérée. Au moment du triage sur le terrain, le médecin fera évacuer la victime en état d’hypothermie en premier.

Lorsque les victimes auront été localisées, dégagées et mises en sécurité, il restera encore le difficile sujet de l’aide à leur apporter… Une victime d’accident d’avalanche est une victime polytraumatisée en puissance, et son évacuation reste un gros morceau !

S’assurer de la capacité de la victime à respirer, s’assurer de son état de conscience, identifier ses traumatismes, prendre les mesures de premiers secours qui s’imposent, la protéger du refroidissement et bien sûr organiser son évacuation sont les étapes qui vont devoir être organisées en urgence, et de « relativement simples » en cas de victime unique, ces opérations vont se compliquer de manière exponentielle s’il y a plusieurs victimes et un seul sauveteur !

Dès que le nombre de sauveteurs augmente, le triage en tant que tel perd de son importance, tous les ensevelis étant susceptibles d’être recherchés en même temps.
Le nombre de personnes survivantes capables de dégager les victimes va influencer directement sur le résultat du sauvetage et sur le bilan final des victimes. Plus il y aura de monde s’activant à pelleter, plus le temps sera raccourci et plus les chances de survivre augmentent pour les ensevelis.